Ithaka Prize 2014: Is France's Linguistic Purism Justifiable?

Aladdin Benali has won the 2014 Ithaka Prize for the best extended essay: 'A quel point peut-on justifier l’attitude de purisme linguistique envers l’influence de l’anglais sur français ?'


Finalists in the 2014 Ithaka Prize competition

Introduction

2.1: Le débat central et sa pertinence

Pendant toute la période jusqu’au début du XXème siècle, la langue française était considérée comme la lingua franca européenne ; la langue dominante de la diplomatie, l’éducation et de la bureaucratie. En raison du règne colonial immense du gouvernement français et sa position socioéconomique si importante, la langue française était à son apogée. (Lodge, 1993)

Or, depuis les années 1930, la langue française a été presque complètement remplacée par l’anglais. À cause de la globalisation et la domination de l’anglosphere, plus de 470 million de personnes parlent anglais maintenant (The Free Dictionary, 2011) (cf. annexes : 5.1). L’anglais est la langue principale des livres, des  journaux, et de la publicité. C’est la langue officielle internationale du Baccalauréat International, des affaires internationales, des conférences académiques, de la  diplomatie et du sport. Selon le sondage « The Image of the United States in French Public Opinion », approximativement les deux tiers des citoyens français classifient la France comme un pouvoir mondial secondaire, tandis que moins de 25% continent à croire que France est un pouvoir primaire (Kuisel, 1993).

Résultat : l’anglais a exercé une influence importante  sur le champ lexical français. En examinant les 54 langues, dialectes ou patois cités dans ‘Le dictionnaire des mots d’origine étrangère’ (Walter & Walter, 1991/1998), on peut remarquer la prédominance absolue de la langue anglaise. (cf. annexes : 5.2 & 5.3)

Mais, ce changement au sein de l’hexagone a été le sujet d’un débat orageux. De nos jours, l’attitude en France envers ces anglicismes est de plus en plus polarisée.  L’opposition aux anglicismes en français est très forte en France. Il y a d’innombrables auteurs francophones qui maintiennent l’attitude de purisme envers ce type de néologisme en français.

Les grands écrivains des siècles passés et de « la belle langue » ont joué un rôle particulièrement important dans la formation de l’attitude de la société française sur le thème de purisme au sein de la société française. On pense normalement à la langue française comme existant dans sa forme la plus pure, attachée au style classique respecté par les écrivains renommés ainsi que par leurs lecteurs. Citons parmi ces illustres écrivains : Corneille, Pascal, Racine, Voltaire, Rousseau, Stendhal, Flaubert, Gide, Mauriac etc. Les mêmes inquiétudes publiques se manifestent dans la production prolifique des nouveaux dictionnaires qui contrôlent  et légitiment les développements lexicaux, et la réédition du « Bon Usage » de Grévisse (Lodge, 1993).

Or, l’inquiétude pour l’état de la langue française n’est pas limitée qu’aux confines de littérature du passé. Dans son livre ‘Parlez-vous franglais ?’, Étiemble, a noté que cette évolution de la langue française avait changé, et que la période entre 1945-1963 représentait, pour lui, le début de la ruine de la langue française. Dans ce livre, Etienne a popularisé le mot-valise « franglais », qui est défini, par le Petit Larousse 1997 comme « l’ensemble des néologismes et des tournures syntaxiques d'origine anglaise introduits dans la langue française » (Larousse, 1997). L’auteur  constate que la France devrait se guérir de cette ‘épidémie’ : « Faute de quoi, nos cocardiers auront belle mine : mine de cocquardiers, l’œil au beurre noir, tuméfies, groggy, comme disent nos franglaisants, K.O. Alors, moi, je refuse de dire O.K. » (Etienne, 1973).

Comme si ces pressions pour maintenir la standardisation ne suffisaient pas, ils seront renforcés par une action vigoureuse officielle pour promouvoir et maintenir la langue française. Ce qui distingue l’attitude envers la langue en France de celle du reste de l’Europe, c’est l’intervention explicite et ouverte de l’état et des organisations officielles.  

À coté de l’Académie Française, il y a de nombreuses organisations qui ont comme but non seulement de défendre la position du français comme langue mondiale, mais encore de maintenir les normes traditionnelles dans la France contre les déprédations de  «  l’ennemi à l’extérieur » , organisations telles que : Office de la langue française, l’Office du vocabulaire français, le haut comité pour la défense et l’expansion de la langue française.

Toutes ces organisations, fondées après les années 1930, complémentent une série de mesures législatives gouvernementales telles que plusieurs lois linguistiques des années 1970 et 1980, formulées principalement contre les anglicismes (Lodge, 1993). On peut citer par exemple la loi Bas-Lauriol et la loi Toubon, qui ont comme but de limiter les termes étrangers que l’on utilise en français ; mais il est évident que la lutte est plus acharnée contres les anglicismes que contre les termes étrangers en général (Flaitz, 1988). Les deux lois prohibent l’utilisation des mots étrangers en France, surtout où ils remplacent des termes français déjà en existence.

Mais la question principale est « A quel point peut-on justifier l’attitude de purisme linguistique envers l’influence de l’anglais ? » Il y a beaucoup d’essais de justifier cette attitude ; mais les deux les plus notables, à mon avis, sont celle du relativisme linguistique et celle de la protection de la pureté de la langue. Dans cette dissertation, on va voir que le cœur même de la justification de toute ce zèle puriste ne peut prétendre à aucune validité, ni dans le sens abstrait ni dans son implémentation pratique. La consternation que ressentent les puristes n’est aucunement justifiée ; ceci est dû à trois arguments principaux : la fausseté du relativisme linguistique, l’enrichissement de la langue que présentent ces nouveaux néologismes, et le fait que la compréhension mutuelle est toujours possible.  Et, dans la pratique, le gouvernement français ne peut pas légiférer contre ce changement irréversible. Je conclus donc que l’importance des emprunts en français ne doit pas être perçue comme une menace, et que les organisations et les individus qui soutiennent cet idéal sont nuisibles à l’évolution et à l’enrichissement de la langue, de la société et même de la culture française.  


 2.2 : Définition des quelques termes

  Tout d’abord, il faut essayer de définir les termes principaux. Cette dissertation  concerne les emprunts ; mais que signifie ce terme ?  Dans cette dissertation on ne s’intéresse qu’ aux néologismes d’origine d’anglaise : les anglicismes.

Un anglicisme est un emprunt dont la langue source est l’anglais. Tout élément lexical provenant de la langue anglaise ou véhiculé par celle-ci est qualifié d’anglicisme, quel que soit le degré d’intégration ou la date d’entrée dans la langue française. (Engstrøm, 2005) Le purisme linguistique est l’attitude prescriptive linguistique qui maintient la position que la langue devrait être un sujet de protection des influences aussi bien externes qu’internes.

 2.3: Plan de Dissertation                                    

Cette étude consiste en deux sections principales. La première section, cependant, est le corps de la dissertation qui est constitué de deux parties.

La première partie (3) sera une explication des changements récents dans la langue française qui sont polémiques. En particulier on s’intéressera au domaine des anglicismes, spécifiquement aux emprunts lexiques. On utilisera aussi des exemples d’anglicismes, en analysant des sources primaires et secondaires. Cette section tachera de fournir une vue générale d’anglicismes dans le français contemporain. Aussi, il y aura une explication du débat en France sur la prescription linguistique par rapport au purisme, en utilisant des exemples de l’attitude des puristes français, on pourra montrer le débat moderne comme étant polarisé en France au sujet de la prescription linguistique envers les anglicismes.

La dernière section de la deuxième partie (4) sera la conclusion, où l’on trouvera la solution à la question de la justification de l’attitude de linguistique puriste et, par conséquent, l’acceptation des anglicismes dans la langue française. 

3        : Corps de dissertation : Le Débat au Sein de l’Hexagone

3.1:

L’idée de la protection de la langue française  par l’éradication de néologismes dérivant des langues étrangères, surtout de l’anglais, est devenue, depuis une vingtaine d’années, un mouvement éminent partout en France. Maintenant cette préoccupation est plus forte que jamais. Mais, afin d’identifier à quel point on peut justifier cette attitude, il s’agit de trouver la racine de cette consternation pour les dangers que confronte la pureté de la langue française.

On en trouve trois : Selon le linguiste éminent, Jean-Marc Dewaele, les arguments avancés par les puristes dans leur défense du français sont basés sur « l’idée du génie de langue française et celui de la clarté française ». (Dewaele, 2000). Il explique la remarque que fait Meschonnic, qui constate que « ces concepts relèvent de la mythologie et ressortissent de plusieurs domaines : l’histoire de la langue, de la grammaire, de la linguistique, de la littérature, de la culture, de la politique et de la philosophie » (Meschonnic, 1997). Meschonnic parle de « la maladie de la pureté ». Selon lui la métaphore de la sante dans la langue est immédiatement sexualisée : « une langue pure serait une langue qui n’aurait été pénétré par aucun élément étranger » (p193).

Il me semble que l’hostilité des puristes vis-à-vis de l’adoption d’emprunts étrangers en français, « d’impuretés » est principalement basée sur une combinaison de deux croyances : celle de la pureté de la langue et celle d’un autre mythe (Wise, 1997), « notamment le lien étroit qui existerait entre langue et pensée. D’où l’angoisse inavouée que la pollution de la langue puisse entraîner la corruption de la pensée » (Dewaele, 2000). La  théorie de Dewaele appartient au  relativisme linguistique ; c’est-a-dire, selon Guillaume, la position qui maintient que « chaque peuple a sa pensée potentielle naturellement pensée à l’horizon de sa langue » (Guillaume, 1919). Ceci implique que la vision que possède le locuteur  de l’univers sera différente selon la langue qu’il emploie. Dewaele constate, avec une consternation que je partage, que l’attitude puriste, basé sur le relativisme linguistique, suggère que le locuteur d’une langue « primitive » aura, selon cette approche, une compréhension beaucoup plus obscure du monde que celui qui manie une langue évoluée et logique.

Cette attitude relativiste est non moins manifeste dans les agendas des organisations et législations gouvernementales qui représentent ce purisme. Elles n’ont cependant pas eu beaucoup de succès. Une des organisations les plus concernées par le changement du français est L’Académie Française. «  La création de l’Académie Française en 1635 sous les auspices de Richelieu, homme peu reconnu pour sa flexibilité, symbolise l’approche prescriptive de la France envers sa langue ». (Judge, 2000) Le purisme linguistique était influencé par François de Malherbe (1555-1628), qui voulait purifier la langue française par la proscription des mots démodés, dialectismes et néologismes (impuretés internes) ainsi que celles d’origine latine (impuretés externes). Le moyen principal de ce projet prescriptif a été la compilation d’un dictionnaire que l’Académie a accepté (Thomas, 1991) . On trouve ces idées de purisme, basées sur le relativisme linguistique, dans la préface de 1835 du dictionnaire de l’Académie : « une langue, c’est la forme apparente et visible de l’esprit du peuple ; et lorsque trop d’idées étrangères à ce peuple entrent a la fois dans cette forme, elles la brisent et la décomposent ; et à la place d’une physionomie nationale et caractérisée, vous avez quelque chose d’indécis et de cosmopolite » (Institut de France, 1835).

Aujourd’hui L’Académie Française maintient une attitude semblable envers le français. La politique linguistique aujourd’hui est la suivante :

« Jugeant que la concurrence de l’anglais, même dans la vie courante, représentait une réelle menace pour le français et que les importations anglo-américaines dans notre lexique devenaient trop massives, les autorités gouvernementales ont été amenées, depuis une trentaine d’années, à compléter le dispositif traditionnel de régulation de la langue. »

(L'Academie Francaise, 2013)

 A partir de 1972, des commissions ministérielles de terminologie et de néologies sont constituées. Elles emploient et indiquent, parfois même créent, les termes français qu’il convient d’employer pour éviter tel ou tel mot étranger, ou encore pour designer une nouvelle notion ou un nouvel objet encore innommés. Ces termes s’imposent alors à l’administration : « on ne dit plus tie break mais jeu décisif, baladeur remplace un walkman, logiciel se substitue à software etc. ». (Thody, 1995).

En 1994, le gouvernement français a publié le « Dictionnaire des termes officiels de la langue française » afin de fournir des substituts français pour les anglicismes.   Le dictionnaire était compilé selon la conviction que la seule raison seulement pour laquelle on utilise les mots franglais était qu’il y n’avait pas  de mots équivalents en français, et que les francophones étaient donc obliges a avoir recours a les termes étrangers.

Sous le sobriquet de « Toubon », d’après Jacques Toubon, ministre de la culture, le Dictionnaire des termes officiels de la langue française n’a pas eu beaucoup de succès, et les efforts de l’Académie et de son secrétaire, Maurice Duron, pour contrôler la langue français, ont été ridiculisés par la presse française ainsi que par le public. (ibid.)

Il y a une différence entre le nombre de mots acceptés par le dictionnaire de l’Académie Française et Dictionnaire des mots anglais du français plus moderne de 1998, qui évalue les emprunts de l’anglais à 4 ou 5 % du lexique français courant. Par contre, le Dictionnaire de l’Académie française, trouve un total de 686 mot d’origine anglaise (soit 1,76%), dont 51 anglo-américains seulement (L'Academie Francaise, 2013). Ces statistiques montrent clairement que l’agenda de l’Académie discrimine contre les anglicismes.





De plus, afin de protéger la conscience nationale, il y a eu des actions législatives afin d’essayer de protéger la langue de cette « menace ». Au cours des années 1990, un ensemble législatif est mis en place. Un nouvel alinéa est ajouté, le 25 juin 1992, à l’article 2 de la Constitution : La langue de la République est le français. Par exemple, se fondant sur ce principe, la loi du 4 août 1994, dite « loi Toubon», élargit les dispositions de la loi de 1975. 

La Loi Bas-Lauriol établit l’obligation de rédiger en français toutes les notices accompagnant les produits commerciaux. C’est avec le but de contrôler les consommateurs et  les employés, qu’elle interdit l’usage des mots étrangers si il existe un équivalent français (Flaitz, 1988). Mais celui-ci n’explique pas les mots étrangers qui n’avaient pas un terme équivalent en français ; certain n’en ont pas toujours. Peu d’entreprises ont été poursuivies en justice sur la loi Bas-Lauriol car la loi était ignorée en autant par le public que le gouvernement. Deux entreprises qui sont découvertes en violation de la loi en France sont Trans World Airlines, qui ont distribué de cartes d’embarquement sans traduction française, et un fabricant de planches de surf qui a fourni son manuel en anglais encore sans traduction française. Les amendes infligées sont assez basses et donc inefficaces : par exemple, pour le producteur des planches de surf , un montant de FF2600 c’est-à-dire approximativement $520) (Grigg, 1997).



Mais, est-ce que ces tentatives par le gouvernement ont changé le moyen de pensée des français ? Il me semble que non. Tandis qu’il y a tant de consternation, il n’y a aucune évidence de corruption dans la communication ou la pensée française. Comme nous avons vu, la défense de la norme ne peut rien contre l’évolution. Un membre de L’Académie Française, Bertrand Poirot Delpech a même fait la remarque  « Les lois ne peuvent dicter l’utilisation de langue parce que les gens utilise la langue sur un coup de tète. Dans ce respect, l’Académie Française doit reconnaitre que ce n’a aucun rôle a part celui de noter les incidents. » (traduit personelle, A.Grigg, 371)

« Au sein d’une même famille, l’observation la plus simple montre que les générations différentes ne parlent déjà plus tout-à-fait la même langue, même si ils pour l’essential communiquent sans difficulté. » Les linguistes Fouye et Dewaele (1998) concluent que la langue des jeunes, truffées de néologismes et d’emprunts, manifeste une belle vitalité au plan de la morphologie et de la syntaxe et du lexique et cette capacité de renouvellement apparait comme une marque de supériorité plutôt que comme une faiblesse.



Au lieu de cela, le débat a une grande dimension politique. En effet, comme le constate la linguiste, Scheel, le mouvement est moins motivé par des soucis linguistiques que par le sentiment national et la fierté culturelle (1998). Comme le dit Andre Therive : « Notre conscience linguistique n’est rien de moins que notre conscience nationale. » (Flaitz, 1988) Donc, ce purisme constitue une partie de la lutte contre l’expansion de la culture anglo-américaine.

Mais, tandis que c’est une cause noble, l’attitude de la société française contemporaine est complètement différente. Par exemple, les jeunes eux ont une prédilection pour les emprunts. Comme la société actuelle est une société de consommation, et que les jeunes sont les consommateurs de l’avenir, la génération précédente adopte aisément les termes utilises par ses enfants, ce que renforce le principe de l’emprunt et particulièrement celui de l’emprunt à l’anglais. Les puristes sont, en effet, en train de perdre la bataille. Un sondage  de la SOFRES concernant les attitudes envers la langue, effectué a la demande du gouvernement français en mars 1994, a l’époque de la loi  Toubon, reflète bien cette tendance : 30% croiraient que l’utilisation de mots étrangères en français était ‘utile’, 19% qu’elle était ‘amusante’ et 41% ‘très moderne’. Un tres faible pourcentage s’y opposait.  En fait, selon Henriette Walter, « l’opinion publique est toujours hostile à ce genre de mesures [mesures législatives] qu’elle ressent comme une atteinte a la liberté individuelle »

Donc, s’il y a ni  problèmes de communication  ni préoccupation publique, peut-t-on justifier le sentiment national et la fierté culturelle ? Il est parfaitement compréhensible que les puristes veuillent protéger leurs culture et tradition, mais la solution est évidement ni législation ni organisations ni prescription de la langue. Franchement, la langue française est comme toutes les autres langues européennes, dans le sens qu’il change toujours et il fait face à l’influence toujours plus importante de l’anglosphere.

En effet, l’influence d’autres langues n’est pas un phénomène nouveau ni est-il un phénomène limité à l’anglais (c.f. annexes 5.2 & 5.3). Il y a eu beaucoup d’influences d’autres langues (arabe, espagnol, portugais) sur la langue français, due à l’histoire coloniale du pays, de sa location géographique et de l’immigration vers la France (Walter, 1988). Et, comme nous l’avons vu, elles n’ont  pas eu un effet négatif sur la langue française ou la culture française.



Le linguiste, Alain Rey, épouse cette idée. Par exemple entre 1993 and 2006, il parait tous les jours sur l’émission du matin de France, « Sept Neuf Trente ». A la fin de chaque émission, il y a une partie que s’appelle « Le mot de la fin », ou il présente une analyse du lexique français. Ici, Rey explique que l’évolution de la langue s’est produite par la naissance des mots argots et étrangers (Rey, 2001). Est-ce que cette occurrence contemporaine est-elle différente du tout ? La langue française elle-même est venue d’une évolution de Latin.

Comme le dit Rey sur l’émission anglaise, « Fry’s Turkish Delight », « La France est une république mais d’une perspective linguistique, c’est toujours une monarchie … A mon avis … il faut que la langue soit un observatoire, pas une conservatoire. » (France might be a republic but linguistically, it's still a monarchy... In my opinion, language must be an observatory, not a conservatory) (Rey, 2006).




2        : Conclusion : La fin de purisme ?
 
La perte de son pouvoir international et politique, ainsi que de son prestige linguistique, deux domaines lesquels la France s’est considérée comme le professeur du monde, a eu une influence profonde sur la manière dont les Français se voient eux-mêmes, leur patrie et les pays étrangers dans le monde aujourd’hui.  
 
A un certain point, on peut voir les raisons à la base de l’attitude du purisme linguistique : celle de relativisme linguistique et celle de la pureté de la langue. Mais ni l’un ni l’autre de ces soucis n’est valable : une justification de la prescription linguistique présente de graves défauts autant dans sa forme abstraite que dans son implémentation pratique. Comme on a mentionné,  la consternation que ressentent les puristes  n’est pas justifiée, par le fait de trois arguments principaux : primo, la fausseté du relativisme linguistique ; il n’y a pas aucune évidence pour démontrer que la croissance de l’usage de lexique anglaisé peut changer la  pensée française. Secundo,  les anglicismes permettent l’enrichissement de la langue avec de nouveaux mots, de nouvelles  idées. Tercio, la compréhension mutuelle est toujours possible malgré tant de consternation ; les gens communiquent avec la même quantité de clarté.
          Il est important aussi de se rendre compte que, dans la pratique, le gouvernement français ne peut pas légiférer contre ce changement irréversible; Ni les organisations gouvernementales comme l’Académie française ni les écrivains militants comme Etiemble ne peuvent pas retenir la vague des changements dans la langue française.
Donc, ya-t-il la moindre justification pour l’attitude de purisme linguistique ? La consternation que sentent les puristes ne peut pas être justifiée, étant donné que l’importance des emprunts en français ne doit pas être perçue comme une menace. Comme le constate Victor Hugo : « ... la langue française n'est point fixée et ne se fixera point. Une langue ne se fixe pas. L'esprit humain est toujours en marche, ou si l’on veut, en mouvement, et la langue avec lui » (Hugo : 1827). En effet, le linguiste, Fuchus, dans son étude de l’histoire des emprunts en français, constate que les vagues d’emprunts « n’ont jamais profondément atteint la langue  (1997, p. 3) qui dispose d’une puissance d’assimilation extraordinaire. »(1997, p. 3) D’où sa conclusion : « La peur de français devant l’envahisseur des vocables étrangères est aussi traditionnelle qu’excessive » (ibid. : 4). La français qui commande un hamburger, selon Fuchus, ne compromet donc pas son système de pensée ; même si, en le mangeant, il risque d’attraper encéphalite bovine.
Mais, qu’est-ce que l’on peut faire pour combattre le purisme ? Tout d’abord il faudrait remplacer la priorisation de l’identité nationale avec une intelligibilité mutuelle. Ensuite, annuler les lois qui soutiennent toujours le purisme, et éduquer les jeunes sur le manque de dangers réelles qui sont associés au purisme linguistique.
Bien qu’on puisse,  dans un pays qui change tellement, comprendre cette consternation,  il faut admettre que la justification prescription linguistique présente de graves défauts. L’argument central et donc l’angoisse que les puristes ressentent, c’est-à-dire pour leur ’identité nationale, ne sont pas justifiés
En conclusion, donc, je maintiens que l’importance des emprunts en français ne doit pas être perçue comme une menace, et que les organisations et les individus qui soutiennent cet idéal sont nuisibles à l’évolution et à l’enrichissement de la langue, de la société et, en effet, de la culture française.
 
Annexes
5.1 : La prédominance de l’anglais 
Ces chiffres sont basés sur les estimations les plus prudentes. Selon quelques sources, le nombre d’anglophones pourrait s’élever jusqu’à 1 billion. (Crystal, 1988)
5.2 : Les influences des autres d’autres langages
Tableau 1 : Les mots d’origine étrangère :
Langages indo-européennes
Quantité des mots emprunts
Anglais
2613
italien (et dialectes)
1164
dialectes gallo-romans
1012
(dont provençal)
(502)
germanique ancien
692
(dont vieux scandinave)
(72)
allemand et dialectes germaniques
408
espagnol et dialectes
362
Néerlandais
312
langues celtiques
236
(dont breton)
(40)
langues slaves et baltes
148
Persan
98
Sanskrit
89
portugais
68
langues scandinaves modernes
47
langes créoles
22
Total
7273
(Walter & Walter, 1991/1998)
Il y a eu beaucoup d’influences d’autres langues (arabe, espagnol, portugaise) sur la langue française, avec a son origine l’histoire coloniale du pays, sa location géographique et l’immigration vers la France (Walter, 1988). Le français a largement bénéficié de ses emprunts au germanique ancien (bleu, soupe, troupe…) ou encore a l’italien (esquisse, violon…). D’autres emprunts,  plus modestes, sont parfois surprenants car ils ont été bien ingérés ; char, if, aluette… viennent du gaulois, jupe, chiffre, algèbre…, de l’arabe : nénuphar, du persan chérubin de l’hébreu etc. (Walter, 2000). Cependant, celle-ci rendrait l’étude trop grande. Aussi, se concentre-t-on exclusivement, dans cette étude, sur les anglicismes en français métropolitain. 
5.3 : L’histoire des anglicismes
Mais il est important de reconnaitre que les emprunts à l’anglais sont loin d’être un phénomène nouveau. Pour en donner quelques exemples :
·         Avant 1700 : ajourner, boulingrin, contredanse, gentleman, gentry, groom, lord, lord-maire, paquebot, yard, yeoman.
·         1700 -1800 : anesthésie, balbuzard, bas-bleu, gin, méthodisme, pickpocket, stick.
·         1800 -1850 : autobiographie, bifteck, cold-cream, job, mess, pickles, silicium, sinécure, speech, steamer.
·         1850 – 1900 : base-ball, building, dribbleur, goal, lift, lunch, spinnaker, visualise.
·         1900 -1920 : autocar, chewing-gum, crawl, vamp, vitamine.
·         1920 - 1940 : break, bulldozer, chips, covalence, dévaluer, holding, ionosphère, mescaline, méson, oscar, show, Technicolor.
·          1940 - 1960 : baffle, diariste, jet, marketing, offshore, pergélisol, permafrost, pop, sexy, station service.
·         Après 1960 : audit, codon, cutter, jogging, kart, patch, patchwork, permissif, pesticide. (L'Academie Francaise, 2013).
N.B. On peut donc distinguer entre les anglicismes récents et les anglicismes plus anciens. Dans cette étude, je m’occuperai des emprunts que je considère comme récents, c’est-à-dire ceux qui sont entrés dans la langue à partir de 1960.
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